Pratique courante dans bon nombre d’entreprises, l’utilisation à des fins personnelles du matériel ou des moyens de l’entreprise ne justifie pas systématiquement un licenciement. L’employeur qui a toléré ces agissements dans son entreprise pendant longtemps pourra difficilement changer subitement de position et licencier un salarié du jour au lendemain.
Les exemples de licenciement ayant été considérés comme légitimes
L’usage du matériel de l’entreprise à des fins personnelles a été sanctionné à plusieurs reprises, par exemple pour une secrétaire qui dactylographiait des lettres personnelles aux frais de l’employeur ou encore pour un salarié qui utilisait la carte bancaire de l’entreprise pour des dépenses personnelles. En outre, l’utilisation régulière et sans autorisation du véhicule de la société constitue une faute grave.
La faute grave est retenue par les juges dès lors que l’usage du matériel constitue un abus tenant à la fréquence de l’utilisation ou à l’usage inapproprié ou illicite.
La tolérance des juges
Les juges sont plus cléments vis-à-vis des salariés ayant de l’ancienneté dans l’entreprise, ou lorsque les faits reprochés sont purement ponctuels (par exemple, un salarié qui a conservé un véhicule de fonction à son domicile, mais qui l’a rendu dès la première injonction de l’employeur, n’a pas commis de faute suffisamment sérieuse pour justifier le licenciement).
Par ailleurs, s’agissant de l’outil informatique, l’utilisation par un salarié de l’outil informatique de l’entreprise à des fins personnelles n’est pas en soi fautive, mais peut le devenir en cas d’usage abusif. Par exemple, un salarié a été licencié après avoir usé de la connexion Internet de son entreprise, à des fins non professionnelles, pour une durée totale d’environ 41 heures durant un seul mois. Un autre a également été licencié pour faute grave, après s’être connecté plus de 10 000 fois en moins d’un mois sur des sites extra-professionnels.
La messagerie électronique mise à la disposition des salariés, en principe réservée à des usages strictement professionnels, est elle aussi très souvent utilisée à des fins personnelles. Bon nombre d’entreprises tolèrent ces agissements si ceux-ci ne perturbent pas le bon fonctionnement de l’entreprise ou lorsque le flux des courriels n’est pas manifestement démesuré. A ce titre, en vertu du secret des correspondances, l’employeur n’est pas autorisé à prendre connaissance du contenu de la messagerie de ses salariés. Un mode de preuve fondé sur le contenu d’un message électronique ouvert ou intercepté serait illicite.
Il convient également de rappeler qu’une clé USB connectée à un ordinateur professionnel est présumée avoir un objet professionnel auquel l’employeur peut librement accéder.
S’agissant de l’usage du téléphone à des fins privées, il est généralement toléré. Il n’est sanctionné qu’en cas d’utilisation abusive, par exemple lorsqu’un salarié utilise le téléphone de l’entreprise pour passer des communications à l’étranger, ou pour établir des communications avec des messageries de rencontres entre adultes.
En revanche, a été jugé comme sans cause réelle et sérieuse le licenciement d’une hôtesse de vente qui a passé près de 30 appels personnels à partir d’une ligne téléphonique réservée au contrôle des cartes bancaires, car les appels avaient pour objet de s’enquérir de l’état de santé d’un proche, le coût total pour l’employeur s’élevant à 6,68 € et il n’était pas établi que le contrôle des cartes bancaires ait été mis en péril ; en l’occurrence l’employeur n’avait donc pas subi de préjudice.
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