Divorce pour faute et adultère après l’ordonnance de non-conciliation (Cour de cassation, 1ère chambre civile, 1 avril 2015, N° de pourvoi: 14-12823)
L’adultère même commis en cours de procédure de divorce après l’ordonnance de non-conciliation et sans signature d’un procès-verbal d’acceptation peut justifier le prononcé d’un divorce pour faute aux torts exclusifs. Cet arrêt de la Première Chambre civile de la Cour de Cassation en date du 1er avril 2015 vient confirmer une position constante dans ce domaine.
Dans le cadre du mariage, les époux sont soumis à des devoirs et notamment à celui de fidélité. Or, même en cours de procédure de divorce, ce dernier n’étant pas prononcé, ils restent soumis à ces obligations tant qu’un jugement définitif de divorce n’y a pas mis fin.
Si l’ordonnance de non-conciliation autorise de faire une entorse à l’une de ces obligations, le maintien du couple au domicile conjugal, les autres obligations ne sont pas suspendues.
Rappelons que l’ordonnance de non-conciliation est uniquement la décision permettant de fixer des mesures provisoires dans l’attente d’une décision définitive de divorce pendant une période de 30 mois maximum à moins qu’elle soit prolongée par le dépôt d’une assignation. Dans ce cas, les mesures s’étendent jusqu’au jugement.
La position de la Cour de Cassation dans cet arrêt est particulièrement clair :
« l’introduction de la demande en divorce ne confère pas aux époux encore dans les liens du mariage une immunité destituant de leurs effets normaux les offenses dont ils peuvent se rendre coupables l’un envers l’autre ; que la cour d’appel en a justement déduit qu’il était possible d’invoquer, à l’appui de la demande en divorce, un grief postérieur à l’ordonnance de non-conciliation ; »
Cet arrêt de la Cour de Cassation nous rappelle que les époux ont la possibilité d’invoquer, à l’appui de leur demande en divorce pour faute un grief – notamment l’adultère – même si ce dernier est intervenu postérieurement à l’ordonnance de non-conciliation.
Dans cette affaire, la Cour d’appel avait adopté une position similaire : l’ordonnance ne conciliation rendue ne met pas fin à l’obligation de fidélité et l’adultère même commis postérieurement à l’ordonnance de non-conciliation constitue une violation de l’obligation de fidélité des époux.
Pour pouvoir le justifier, l’époux avait fait appel à un détective privé pour apporter la preuve que son épouse entretenait une relation intime avec un autre homme. Les photographies communiquées par le détective justifiaient sans nul doute possible de la relation de son épouse avec un autre homme. Cependant, il ne pouvait justifier que cette relation adultère existait avant leur séparation ou en était même la cause.
Cet arrêt confirmatif rappelle ainsi que le devoir de fidélité entre époux perdure tant que le divorce définitif n’a pas été prononcé. De même il confirme que l’adultère reste un fondement du divorce pour faute parce qu’il constitue une violation grave ou renouvelée des obligations du mariage rendant intolérable le maintien de la vie commune.
Le divorce pour faute peut par conséquent tout à fait se fonder sur des fautes commisses au cours de la procédure de divorce, y compris postérieurement à l’ordonnance de non-conciliation. Il n’y a donc pas lieu de justifier que l’adultère est antérieur à la procédure de divorce voire qu’il est à l’origine de la séparation.
Un seul cas permettrait d’écarter une telle solution : la signature d’un procès-verbal d’acceptation. La signature d’un tel procès-verbal contraint en effet les époux à assigner en divorce pour acceptation de la rupture du mariage, écartant définitivement l’option du divorce pour faute.
Aussi, dans ce cas de figure, un adultère postérieur à la signature de ce procès-verbal d’acceptation ou simplement découvert postérieurement ne permettrait plus de justifier une demande en divorce pour faute et invoquer l’adultère.
Il est donc recommandé en dehors de ce cas de cacher une éventuelle relation sentimentale en cours de procédure de divorce, sous peine de risquer un prononcé de divorce pour faute pour adultère.
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